Rumeurs & rumorologie
par Pascal Froissart,
Université de Paris
VIII
Recensions,
comptes-rendus
   
 
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Comptes-rendus 

par Stéphanie Buttay

Source: Stéphanie Buttay, 2002. « Bibliographie. Comptes-rendus ». Futuribles. Nº 286 (mai).

De même que les rumeurs vont bon train, relayées, notamment, par le nouveau média qu’est Internet, les publications sur le phénomène se multiplient depuis les années 1990. À la suite d’historiens ou de sociologues, Pascal Froissart, qui est maître de conférences en sciences de la l’information et de la communication, s’empare du phénomène. Il décortique méticuleusement les différentes approches disciplinaires dont celui-ci a fait l’objet, et soulève la question : une science de la rumeur est-elle possible ?

L’auteur s’attache tout d’abord à remonter le cours historique de l’apparition du phénomène, des traces relevées dans la littérature à l’avènement du concept, mis à jour par Stern en 1902 au sein de son laboratoire de psychologie expérimentale. Ainsi, le XXe siècle peut être considéré comme le siècle de la rumeur -- de la « Rumeur d’Orléans » qui défraya la France des années 1960 et qui fut étudiée par Edgar Morin, à l’affaire plus récente de « l’avion du Pentagone ». Les rumeurs semblent suivre la courbe ascendante du développement des médias. La rumeur devient outil de communication, puis véritable arme de guerre.

Pascal Froissart se livre ici à un véritable exercice épistémologique autour du phénomène de la rumeur. À le lire, l’impossibilité d’en faire un véritable objet d’étude scientifique tient notamment à la volatilité des caractères qui le définissent. Dans le même sens, il relève qu’existent autant de définitions de la rumeur qu’il y a de chercheurs ; chacun fondant la sienne sur l’intuition qui le guide, chacun étant issu d’un champ disciplinaire particulier, qu’il s’agisse de la psychologie ou de la psychanalyse, ou encore de la sociologie. Si nous pouvons gager que le « phénomène rumeur » continuera à faire couler de l’encre, Pascal Froissart conclut, quant à lui, que de savoir sur la rumeur, il n’y en a pas.

Stéphanie Buttay

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